C’est parti pour la saison 3 qui marque le dénouement de ces destinées ordinaires de Gotham. Nous recommençons avec Jerry. Comment a-t-il vécu les évènements et l’accumulation de frustrations de ces derniers jours ? Aura-t-il assez de ressources que pour faire preuve de résilience ?
Le récit original qui suit est une fanfiction de Pascal Vanpée, publié et partagé totalement gratuitement.
Batman and all related characters and elements © & TM DC Comics et URBAN COMICS pour la version française.
Attention : certains récits peuvent contenir des scènes de violence modérée ou des éléments qui pourraient choquer de jeunes lecteurs. Il est recommandé de les lire à partir de 16 ans.
Le bourdonnement du déverrouillage de la porte d’entrée de l’immeuble résonna dans la rue silencieuse. Les mains encombrées, Jerry tenta de l’ouvrir, avant de se résigner, se tourner et de la pousser avec le dos. Son regard plongea par-dessus les blocs d’habitations. Comme chaque fin de journée, une nouvelle chape de ténèbres tombait sur Gotham, indiquant à ses habitants que l’insouciance de la journée n’était qu’un sursis à la terreur à laquelle ils étaient condamnés à perpétuité. Seul un signal lumineux blafard se reflétant sur les nuages rappelait qu’un ultime rempart se dressait contre le chaos qui régnait dans les rues de cette ville à la dérive. En claquant la porte, Jerry maudit Batman, ce pantin qui, au final, représentait autant le problème que la solution. Ce fanal brillant dans la nuit disait juste : « Ne cherchez pas à vous défendre, vous n’en êtes pas capables ! »
Mais Jerry n’avait plus besoin d’aide pour se défendre !
L’éclairage automatique s’enclencha et l’apparition d’une silhouette à ses côtés le fit sursauter. Qu’il était distrait, ricana-t-il, ce n’était que son reflet dans le miroir du hall d’entrée. L’ancien employé prit quelques instants pour se regarder. Son costume était froissé et souillé alors que l’ombre d’une barbe négligée commençait à se dessiner sur son visage. Un épi se dressait, rebelle, sur son crâne.
Jerry faisait peine à voir.
Sous son bras gauche se tenait la caisse en carton défoncée dans laquelle s’empilaient les rares affaires qu’il avait pu emporter lors de son renvoi. Le long de son corps, son bras droit pendait mollement sous le poids du pistolet qu’il enserrait dans son poing. Se rappelant de son existence, il observa l’arme qu’il avait récupérée, chargée, il y a plus de vingt-quatre heures. Le chargeur était à présent vide, sans qu’il ne se souvienne comment. L’après-midi et la nuit qui suivirent l’accident de voiture restaient floues dans ses souvenirs. De vagues scènes, entre délire et rêve, revenaient par flashs à sa conscience. À l’aube, épuisé, il s’était endormi dans une ruelle obscure jusqu’au crépuscule. Il avait alors décidé de rentrer pour se laver et se changer.
Il aperçut une tache d’un rouge sombre sur sa main. Il déposa la boîte pour prendre un mouchoir et frotter frénétiquement. Sans résultat. Il porta le tissu à sa bouche pour l’humecter.
Le goût le fit frissonner.
Sous l’effet de l’humidité, la salissure devint carmin, s’étala puis disparut. Était-ce du sang ? À qui était-il ?
Jerry était en proie à une profonde confusion.
Il essaya de remettre de l’ordre dans ses pensées, en vain, en attendant l’ascenseur. Attendre l’ascenseur…attendre… il avait fait ça toute sa vie; attendre les résultats des examens. Attendre son premier emploi. Attendre une augmentation. Il en avait assez d’attendre que les choses viennent à lui. Batman attendait-il l’ascenseur, comme un con, dans le hall d’entrée de son immeuble ? Non ! Batman agissait. Il agissait même au nom de tous les cons qui attendaient.
Jerry ne laisserait plus jamais quiconque le prendre pour un con !
Il donna une série de coups de pieds dans la porte, martelant le panneau métallique, jusqu’à ce que de la lumière apparaisse par la lucarne et qu’un tintement signale l’arrivée de la cabine. Quelques instants plus tard, il se trouva sur son palier, à tâter ses poches à la recherche de ses clés. La porte s’ouvrit et la tête chauve et maladive de son beau-frère s’encadra dans le raie de lumière.
– Jerry, c’est toi qui fais tout ce raffut ?
– Laisse-moi entrer, Charles, je ne trouve pas mes clés.
Jerry bouscula son beau-frère pour rentrer chez lui.
– Oh, putain, tu blaires, vieux. Tu étais passé où ? Cela fait deux jours que l’on est sans nouvelle !
– Lâche-moi, tu veux !
– Non, je ne vais pas te lâcher. Tu as loupé la fête de ton gamin et tu as même oublié d’aller le chercher. J’ai dû le récupérer au poste de police dans la nuit. Je ne te raconte même pas la galère et les papiers que j’ai dû remplir. Au matin, il m’a crié dessus et s’est barré. Tu te rappelles que tu as un fils, Jerry ? C’est à toi de t’en occuper, j’ai mes propres problèmes.
– Des problèmes de looser ! Tu branles quoi de tes journées ? Depuis des mois, tu squattes mon canapé, regarde ma télé, bouffes sur mon compte. Moi, je défends les employés contre un braquage d’un super-vilain, je me fais virer dans la foulée et risque de me faire tuer lors d’une course poursuite entre des gangsters et les flics et tu viens me faire chier avec tes problèmes.
– Je ne te reconnais plus, Jerry. Je pensais que ta porte m’était toujours ouverte. C’est ce que tu m’avais assuré à l’enterrement de Mary. Tu sais tout ce que j’ai traversé. Mais c’est bon, j’ai compris le message. Je vais débarrasser le plancher et laisser monsieur à ses affaires importantes. Mais ne viens pas me traiter de looser. Franchement, entre ton emploi et ton rôle de père, je ne saurais pas dire où tu es le plus minable.
Jerry se figea alors qu’il déposait le paquet qui l’encombrait sur le plan de travail de la cuisine. Dans le carton, le monolithe noir sur lequel se trouvait encore le sang séché de Kite Man reflétait la lumière des néons de la cuisine. Il glissa le pistolet à sa ceinture et plongea la main droite dans la boîte.
– Tu sais, Charles. Beaucoup de choses peuvent changer en deux jours. J’ai compris une vérité fondamentale à propos des habitants de cette ville.
– Ah ouais ? Je serais curieux d’apprendre ce que ton cerveau de minable à bien pu comprendre.
– Cesse de m’appeler comme ça ! souffla Jerry entre ses dents, avant de reprendre. J’ai compris que les citoyens de Gotham attendent comme des moutons qu’un autre les sauve. Qu’ils sont paralysés par la peur. Qu’ils ont besoin de héros pour agir à leur place.
– Et tu crois qu’un minable comme toi pourrait devenir un héros ?
– CESSE DE M’APPELER COMME ÇA !
Jerry bondit sur son beau-frère, brandissant le presse-papier au-dessus de sa tête avant de l’abattre, encore et encore.
– C’est toi le minable. Le minable mouton, parasite de cette société. Je vais te sauver. Plus jamais tu ne seras une victime, plus jamais tu ne vivras aux crochets des autres, plus jamais tu n’auras peur !
Alors que les mots se déversaient par sa bouche, les mouvements de bras de Jerry répondaient une pulpe rougeâtre dans l’appartement tandis que le crâne de Charles se transformait progressivement en une mousse informe.
Au bout de quelques minutes, essoufflé, Jerry se redressa au-dessus du corps inanimé de son beau-frère.
– Je suis le SAUVEUR des citoyens de Gotham !
Un hoquet provenant de la porte d’entrée attira soudain son attention.
Ne manquez jamais une aventure !
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