Et vous, avez-vous un rêve de gosse ? Découvrez celui d’un gamin de dix ans dans les Chroniques Ordinaires de Gotham, une série en 13 épisodes qui vous invite à partager le quotidien d’une poignée de citoyens de cette ville mythique.
Le récit original qui suit est une fanfiction de Pascal Vanpée, publié et partagé totalement gratuitement.
Batman and all related characters and elements © & TM DC Comics et URBAN COMICS pour la version française.
Attention : certains récits peuvent contenir des scènes de violence modérée ou des éléments qui pourraient choquer de jeunes lecteurs. Il est recommandé de les lire à partir de 16 ans.
– Alors, Jim, la nuit dernière a été longue ?
L’agent Jimenez détestait qu’on l’appelle Jim. C’était également le surnom du commissaire Gordon. L’étiquette de bon élève lui collait déjà assez à la peau depuis l’académie de Police.
Appuyé sur le rebord de la fenêtre du véhicule de patrouille de son collègue, il accepta le gobelet de café que celui-ci lui tendit d’un air affable.
– L’enfer, je ne te raconte pas. À croire que quand les psychopathes sortent cela fait remonter toute la boue des bas-fonds de Gotham. J’ai enchaîné les interventions à un rythme effréné.
La radio du véhicule grésilla :
– À toutes les patrouilles, attaque à main armée dans une banque à l’angle de…
– Bordel, c’est tout prêt !
Jimenez avala une grande gorgée de café brûlant et jeta le gobelet alors que son collègue démarrait en trombe.
Il se précipita vers son propre véhicule, ouvrit la portière et remonta son ceinturon pour s’asseoir lorsqu’il sentit quelque chose de froid et dur s’appuyer à l’arrière de son crâne.
– Fais-le bon choix, poulet ! éructa une voix rocailleuse dans son dos. Tu as une chance sur deux de t’en sortir.
S’ensuivirent un bruit mat, un borborygme et la pression qui se relâchait sur sa nuque.
Précautionneusement, l’agent Jimenez se retourna.
Il n’en crut pas ses yeux. Un gamin d’une petite dizaine d’années, en survêtement de sport et épaulière de foot, malmenait avec ses tonfas, deux brutes en costumes noirs et blancs. Un enchaînement porté aux torses et aux tempes envoya un premier truand au tapis. D’un salto arrière, le gamin cueillit du talon le second au menton avant de se rétablir devant Jimenez. Campé fermement sur ses deux jambes, en une posture de défi, son visage poupin arborait un large sourire. Un R peint au pochoir décorait son épaulière.
– On recrute les Robins au berceau, maintenant ? Fit l’agent, narquois.
– Oui, répondit le gamin avant de se reprendre. Enfin non. Enfin pas encore. J’ai toujours rêvé de les rejoindre. Je m’entraîne dur pour y arriver, m’sieur l’agent.
– Je vois ça ! Attention…
L’un de truands groggy retrouvait ses esprits en même temps que son pistolet-mitrailleur. Il en redressa le canon et pressa la gâchette. D’une agile roulade, le gosse évita la rafale et se rapprocha de l’homme à qui il assena de ses tonfas une volée de coups à la tempe. Celui-ci s’affaissa, définitivement KO.
– Il ne l’a pas volée, hein, m’sieur l’agent ! M’sieur l’agent ?
Jimenez avait glissé au sol, à peine retenu par la porte ouverte de son véhicule.
Le gamin se précipita pour l’aider et remarqua la tâche sombre et humide qui maculait l’uniforme du policier. Des larmes lui montèrent aux yeux, alors qu’il tentait d’appeler au secours, d’une voix éraillée.
– Je ne voulais pas ça, je vous jure ! Je voulais juste aider. Je ne voulais pas ça ! Je me ferai pardonner, m’sieur l’agent. Je serai policier, pour vous venger. J’en ai toujours rêvé !
Un bruit de sirène résonnait au loin alors que les deux truands déguerpissaient ventre à terre.
