Pour ce deuxième épisode qui lui est consacré, Abbie parcourt les rues de Gotham et ouvre les yeux sur sa réalité, jusqu’à faire une rencontre inattendue.
Le récit original qui suit est une fanfiction de Pascal Vanpée, publié et partagé totalement gratuitement.
Batman and all related characters and elements © & TM DC Comics et URBAN COMICS pour la version française.
Attention : certains récits peuvent contenir des scènes de violence modérée ou des éléments qui pourraient choquer de jeunes lecteurs. Il est recommandé de les lire à partir de 16 ans.
Abbie était scandalisée. Malgré son héroïsme et son dévouement, Jerry avait été viré. Cet employé modèle avait été contraint de réunir ses affaires dans un carton et à quitté le bureau, sans même lui laisser un mot. Pourtant la veille avant son… accident, elle avait bien senti que quelque chose se passait entre eux. Une alchimie secrète les liait. À présent, au comble du désespoir, elle arpentait le quartier à sa recherche, au risque de perdre son propre emploi. Mais cela n’avait aucune importance. Qu’était-ce que la pauvreté, si elle la vivait dans les bras de Jerry.
Essoufflée d’avoir couru comme un poulet sans tête, elle se posa quelques instants sur un des bancs encerclant une place piétonnière. Devant elle, des enfants s’ébrouaient dans une fontaine publique, éclaboussant les passants courroucés.
Aaaaah l’insouciance de la jeunesse.
Abbie craignait que les évènements de la veille lui aient fait définitivement perdre la sienne. Au loin, le bruit des sirènes du GCPD contrastait avec la quiétude des lieux. C’était ça Gotham : une ville de crimes et de désespoirs où la vie s’évertuait à proliférer avec obstination. Chacun luttait pour un bonheur illusoire en espérant secrètement que seuls ses voisins seraient fauchés lors du prochain cataclysme provoqué par un clown tueur ou un épouvantail psychopathe. Abbie réalisa que ce combat ne se faisait même pas au nom d’un espoir de jours meilleurs ou d’une bonne étoile. Il n’était que l’expression de la résignation fataliste de tous les habitants de ce gouffre de néant. Ces enfants jouant dans l’eau, malgré leur bonheur insouciant, ne dérogeraient pas à la règle.
Un froid glacial lui enserra le cœur.
Après un temps qui lui sembla une éternité, elle décida de reprendre sa recherche de Jerry. Parcourant les avenues, les rues et les allées, elle commença à se dire que sa recherche était vaine et qu’elle aurait plus de chance de retrouver son preux chevalier en demandant directement son adresse aux ressources humaines du bureau. Quelle cruche, se maugréa-t-elle ! Elle s’était précipitée en une folle course poursuite, plutôt que d’utiliser sa tête. Elle allait faire demi-tour, lorsqu’un sanglot attira son attention. Guidée par le bruit, elle découvrit une frêle créature recroquevillée entre deux poubelles.
– Et bien, mon petit bonhomme, que se passe-t-il ?
Elle aida le gamin à se redresser et constata qu’il était affublé d’un costume de superhéros digne d’une fête scolaire. Un R peint au pochoir trônait sur le plastron.
– Qu’avons-nous là comme drôle d’oiseau tombé du nid ? Tu es perdu ? Où sont tes parents ?
– Il ne sont pas là, m’dame, répondit l’enfant en reniflant bruyamment. Maman a quitté Gotham pour Metropolis quand j’étais petit. Papa ne s’occupe plus de moi depuis que tatie Agatha est morte d’une balle perdue.
– Pauvre petit moineau ! Je suis certaine que ton papa t’aime très fort.
– Je ne sais pas, m’dame. Hier, j’avais un spectacle de mon club de self-défense. J’y jouais un Robin. Je m’étais beaucoup entraîné et je faisais des trucs trop super. Papa n’est même pas venu. Il est rentré super tard. C’est mon tonton qui est venu me chercher, bien après que tout le monde soit parti. Mon papa, lui, s’en fout de moi.
Abbie ne savait pas quoi répondre tellement la vie de ce gamin était triste. Certains hommes étaient vraiment irresponsables. Elle avait la certitude que Jerry, lui, n’était pas comme ça. D’ailleurs, était-il père ? Abbie dut bien reconnaître qu’elle l’ignorait.
L’enfant prit son silence gêné comme une invitation à poursuivre.
– Alors, ce matin, j’ai décidé d’aller impressionner papa au travail. De lui montrer ce dont j’étais capable. C’est à ce moment que j’ai rencontré le policier.
Le garçon fondit en larmes.
– Je vois, il t’a grondé, car tu n’étais pas à l’école. Tu sais, c’est leur travail et…
– Non, l’interrompit-il, le nez débordant de morve, je l’ai tué.
Nouveau silence gêné. Une nouvelle fois, Abbie ne savait pas quoi répondre. Elle finit par marmonner un « je suis certaine que ce n’est pas de ta faute. »
Finalement, ce gosse la mettait mal à l’aise. Elle décida de reprendre ses recherches. Elle le salua de la main, accompagnant le geste d’un « salut » et s’en alla rapidement, indifférente aux sanglots dans son dos. Elle n’avait pas la conscience tranquille. Ce n’était qu’un enfant. Mais son instinct lui hurlait qu’il était potentiellement dangereux. Le coin de la rue passé, elle sentit une tension se relâcher. La menace était écartée.
– Ça va, poulette ?
Ses cheveux se hérissèrent. Elle se retourna pour faire face à deux jeunes hommes, plutôt bien mis. L’un laissait nonchalamment se balancer une batte de baseball d’avant en arrière. Alors que le second, qui se décolla du mur d’un coup de rein, éprouvait du pousse le tranchant de la lame. Geste qu’Abbie trouva irresponsable, s’il ne voulait pas se couper. À leur air goguenard, elle comprit instantanément de quoi il en retournait et une immense lassitude l’envahit. Non, elle n’aurait plus peur ! Non, elle ne serait plus jamais une victime ! Il fallait qu’elle réagisse. Elle serra les poings et chercha la force en elle.
– Tenez, prenez mon sac à main, tout ce que j’ai est dedans, lança-t-elle avec aplomb en fourrant son sac dans les mains du jeune au couteau.
Dans la foulée, elle se détourna et s’en alla aussi vite que ce que les tremblements de son corps lui permettaient. Abbie était fière, elle avait fait face à l’adversité. D’accord, elle allait avoir de nombreuses démarches administratives à accomplir, mais elle avait réagi. Un « M’dame » timide, dans son dos, la fit sursauter.
– Quoi encore ! dit-elle en faisant volte-face !
C’était une nouvelle fois ce gamin en costume ridicule et probablement dangereux.
– J’ai récupéré ça pour vous, m’dame !
Il lui tendait son sac à main avec un sourire radieux.
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